Boycottons les primaires !
C’est la mode du moment en politique. Les primaires, ce concept vaguement inspiré du système de désignation des candidats aux élections présidentielles américaines, se multiplient comme le chiendent. Après moult atermoiements, socialistes et écologistes réitèrent l’expérience de 2012. La droite a emboîté le pas, tout comme un collectif de 6 petits partis (Génération Citoyens, Cap 21, Nous Citoyens, La Transition, Bleu Blanc Zèbre et le Pacte Civique) et une plate-forme citoyenne, LaPrimaire.org. N’en jetez plus !
Vu l’importance du phénomène, un certain nombre de questions se posent quant à l’utilité et l’efficience de ces consultations. Le gagnant d’une primaire peut-il se présenter à coup sûr aux élections présidentielles ? Ces scrutins sont-ils fiables ? Est-ce que les primaires apportent au débat démocratique ? Réponses.
Gagner une primaire ne vaut pas être candidat aux présidentielles
Le code électoral est très clair. Pour être candidat aux élections présidentielles en France, il faut impérativement posséder la nationalité française, avoir plus de 18 ans, être électeur et éligible, avoir satisfait aux exigences du service national, et, surtout, avoir recueilli les signatures de 500 élus issus d’au moins 30 départements ou collectivités d’outre-mer différents. Vu la difficulté de satisfaire à ce dernier point, le gagnant de la primaire citoyenne, par exemple, a très peu de chance de pouvoir se présenter à l’élection suprême.
La fiabilité des scrutins n’est pas garantie
La loi française, si souvent prolixe, ne définit aucun cadre juridique concernant les primaires. Chaque organisateur est donc libre d’appliquer les règles qu’il souhaite. Les conditions pour s’y présenter ou pour voter, ainsi que les modalités de scrutin, dépendent de leur seule honnêteté. L’on peut espérer que les votes des participants soient respectés, mais rien n’est garanti.
Les primaires sont surtout des querelles de personnes
Pour illustrer ce phénomène, rien ne vaut cette phrase de David Cormand, secrétaire national d’EELV, rapportée par le journal Le Monde du 27 août : « le projet écolo fait consensus et il n’y a pas l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette entre les candidats. Ce sera un choix de personnes… ».
Cette phrase vaut aussi, à entendre les candidats, à la primaire de droite. La donnée sera légèrement différente au parti socialiste puisque deux tendances devraient s’affronter, l’une de centre-droit, l’autre davantage héritière de François Mitterrand. Cependant, au moins 3 candidats devraient se partager les voix de ce deuxième courant (Benoît Hamon, Marie-Noëlle Lienemann et Gérard Filoche). Bon courage pour les départager…
Enfin, sans faire leur faire injure, les deux autres primaires risquent fort de passer totalement inaperçues.
Moralité, comme disait La Fontaine : mieux vaut boycotter ces pseudos scrutins inutiles voire nuisibles à la démocratie.